Les plantes tropicales en appartement

Tous les amateurs de plantes le savent bien, cultiver chez soi, dans un appartement, des plantes tropicales n’est pas toujours facile.

Si la chaleur et la lumière sont généralement à disposition, même artificiellement, il n’en va pas de même pour le troisième paramètre indispensable à la bonne croissance des plantes exotiques ou tropicales : l’humidité. C’est la conjugaison de ces trois paramètres : Lumière—Chaleur—Humidité qu’il convient de recréer pour assurer une croissance optimale à ces plantes venues de contrées lointaines. 

 

Arrosage et humidité sont deux concepts différents. Le premier assure l’irrigation et l’oxygénation du système racinaire. Le second correspond à la présence de micro-gouttelettes d’eau en suspension dans l’air au niveau du feuillage. Cette « vapeur » si caractéristique des forêts tropicales humides est facilement réalisable en serre ou en véranda. En appartement en revanche, l’utilisation d’artifices est nécessaire. Le bassinage du feuillage (c’est à dire la pulvérisation d’eau réchauffée), bien que nécessaire, n’est pas suffisant en soi, car l’eau ruissèle (en gâtant éventuellement le sol ou le mobilier) et l’évaporation rapide n’apporte pas un contact suffisamment long pour permettre aux organes foliaires d’absorber une quantité d’eau optimale.

 

Il était donc nécessaire de trouver un procédé permettant de générer facilement une atmosphère humide. Le principe est simple. De grands plateaux en plastique ont été remplis sur environ 3 à 4 centimètres avec différents matériaux inertes : billes d’argile, sable, gravillons, perlite et pouzzolane. Ils ont été saturés d’eau, des plantes en pots ont été disposées sur la surface et l’humidité ambiante à 50 cm de hauteur a été enregistrée en permanence (grâce à un appareil électronique appelé hygromètre) pendant 2 jours consécutifs. Sans rentrer dans le détail des résultats et courbes ainsi obtenues, nous avons pu classer par ordre croissant le taux d’humidité relative (RH) pour chacun des matériaux utilisés. Les plus mauvais scores ont été obtenus avec les graviers, la perlite et le sable. Les billes d’argile donnent des résultats guère meilleurs. La pouzzolane par contre supplante de très loin tous les autres matériaux en générant une humidité relative élevée.

 

Ces expériences ont été réalisées dans un appartement chauffé normalement (18/22 °C) durant la saison hivernale (en janvier) et devant une fenêtre exposée au Sud et masquée par un voilage. Les mêmes plantes ont été utilisées pour tous les tests soit :

1 Begonia coccinea
1 Setcreasea pallida cv. Purple Heart
1 Coffea arabica
1 Clerodendrum wallichii
1 Camellia sinensis
1 Ruellia graecizans
1 Ravenala madagascariensis
1 (Musa) Ensete glaucum
1 Mucuna bennetii
1 Strongylodon macrobotrys

Ce groupe de 10 plantes (voir photographie N° 1) étaient de jeunes sujets de deux ans en godet. Nous utilisons ici depuis de nombreuses années la pouzzolane pour la réalisation de notre substrat de rempotage (que nous réalisons nous-mêmes). Nous connaissions ses très grandes qualités de pureté, de stérilité, et sa capacité dans un terreau, à se gorger d’eau (2 à 3 fois son poids) et à la restituer aux racines en fonction des besoins de la plante. Quand vous examinez sous un fort grossissement (loupe binoculaire par exemple) le chevelu racinaire d’une plante cultivée dans un mélange contenant 30 % de pouzzolane, vous voyez que les très jeunes radicelles se sont infiltrées au cœur même du grain pour mieux y puiser l’eau et les éléments nutritifs qu’il contient.

Forts de toutes ces constatations, nous avons cherché à mieux connaître ce matériau naturel si noble et si difficile à se procurer. Le terme « pouzzolane » vient de Pozzuoli, port italien de la banlieue de Naples, car la pouzzolane n’est autre que des projections volcaniques ! C’est une roche naturelle possédant une texture scoriacée, alvéolaire de couleur rouge ou noir. C’est un matériau léger de densité sèche inférieure à 1, poreu, abrasif, réfractaire et isolant. Contrairement aux billes d’argile expansées, la pouzzolane ne flotte pas dans l’eau.

L’extraction de la pouzzolane se fait grâce à une pelleteuse. Les matériaux bruts sont chargés dans un camion benne puis sont transportés du front de taille à l'installation de criblage permettant le tri en différentes granulométries (taille des grains) Nous utilisons ici une granulométrie de 3 à 7 mm (voir photographie N° 2) Nous avons constaté l’absence de croupissement de l’eau dans nos plateaux de culture. Il est vrai que la pouzzolane est aussi utilisée comme filtres d’eau potable ou lits bactériens pour les stations d’épurations.  

 

Ce matériau, parfaitement inerte peut être facilement stérilisé chez soi dans un four à une température de 250 °C. Suivant son hydratation (quantité d’eau qu’elle retient), cette roche change de couleur, comme vous pouvez le constater sur la photographie N° 3 : à gauche la pouzzolane humide, de couleur très foncée, à droite la pouzzolane sèche. Cette particularité est très appréciable pour déterminer le moment où il est nécessaire d’arroser le plateau à nouveau. Pour les plantes ayant besoin d’un taux d’humidité de l’air important (comme certaines Zingibéracées) vous pouvez saturer les grains et laisser un fin film d’eau en surface, sans craindre pour autant un pourrissement des racines (voir la photographie N° 4).  

Cette technique de culture se prête aussi très bien au remplissage automatique. Une simple mèche de coton reliée à un récipient d’eau permet, pendant plusieurs semaines, l’alimentation en eau (ou eau + engrais) des billes de pouzzolane. Un cordon chauffant étanche basse température peut être fixé au fond du plateau. Un feutre (Aquanappe) isole le cordon du lit de pouzzolane. L’augmentation de température permet d’accélérer l’évaporation. L’ajout d’eau doit alors être plus fréquent.

Courbe de comparaison du taux d’humidité relative (RH) mesuré à 50 cm de la surface du plateau en fonction du temps (heures)